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production association art dans les chapelles
des déplacements vécus par l’autre
sculpture, peinture, scénographie, design, partition sonore, rien ne semble satisfaire véronique verstraete, ou plus simplement tout peut trouver « grâce » à ses jeux qu’elle installe dans l’espace, provoquant des glissements catégoriels avec d’autant plus d’enthousiasme qu’elle connaît la vanité des compartiments et le danger des rigorismes. ici aucun objet ne se clôt sur lui-même, il existe par l’addition des déplacements vécus avec lui.
le rapport à l’autre, si effectif dans l’œuvre, fonde les conditions de l’existence de ces propositions réalisées toujours « en direct », sans dessin préalable ; il s’agit avant tout d’une expérience, d’une épreuve au sens physique mais aussi esthétique, moral, politique. mais jamais ne s’impose la leçon, la première théologie est l’éveil et l’échange, et c’est ce qui rend plus difficile encore la possibilité de nommer l’œuvre. celle-ci en effet échappe aux classifications, avec une malice qui relève plus de l’invention poétique et du trouble que d’un ferme et agressif sens de la définition.
vv déjà dans ses initiales accueille la figure du double comme une aubaine vacillante extraordinaire. elle a réalisé dans les années 90 des doubles de ses pièces, déplaçant ainsi la question de l’unique, soustrayant chaque fois ce double de la circulation. le couple, avatar du double, est désormais une particularité assumée.
le contexte est au cœur des réalisations. pour la chapelle notre-dame du guelhouit, l’histoire récente veut que cette dernière ait connu un incendie. malgré cet accident, véronique verstraete a fortement désiré continuer à questionner le lieu, envisageant dans un premier temps d’intégrer l’échafaudage de la restauration. devant la complexité du dispositif, elle abandonne ce projet, mais elle réalisera quatre sculptures, deux doubles plus précisément, dont l’usage est proposé, comme s’asseoir ou s’allonger, changer de place, s’en servir comme moyen de lire…ou proposer au regard une alternative esthétique.
aucune œuvre ne se développe sans les enquêtes réalisées auprès des « usagers » de la sculpture. le terme « usager » est ici fortement revendiqué. elles influenceront une couleur, une forme, une capacité à la transformation. elles permettent d’échapper à la rhétorique de l’autonomie de l’art. véronique verstraete aime l’instabilité, le « petit écart » sans quoi aucune aventure n’est possible, sans quoi le corps ne peut pas être l’écho d’une traversée, d’une impureté et d’un élan.
pierre giquel, le 27 avril 2014 pour le catalogue de l’art dans les chapelles
article de « le télégramme » du 2 juin 2014
interview de véronique verstraete
le jour du pardon deux des sculptures ont été relevées et utilisées par le prêtre comme siège et ambon